A Lourdes, les milliers de pèlerins portent Paris dans la prière

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En ce début de Semaine Sainte, les pèlerins de Lourdes sont invités à être « toujours davantage les pierres vivantes de l’Église, en vivant du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, source de notre espérance », comme l’exhortent les évêques de France.

« La cathédrale est l’écrin d’une miette de pain »

Homélie du Jeudi Saint 2019
Prononcée par Don Jean-Xavier Salefran, chapelain du Sanctuaire de Lourdes

Au début de cette Semaine Sainte, un événement nous a sidérés. La cathédrale Notre-Dame de Paris brulait.
Le chef d’œuvre de tant de générations, le lieu de tant de célébrations, un symbole de la chrétienté semblait emporté par les flammes.
L’émotion fut universelle. Les parisiens se rassemblaient dans les rues, on pleurait, on priait spontanément, les cloches des églises sonnaient le glas.
Pourquoi une telle stupeur ?
Qu’est-ce qu’une cathédrale, une église, une chapelle ? Quel est son trésor ?
Dans une retraite prêchée au Vatican, Maurice Zundel a dit « la cathédrale est l’écrin d’une miette de pain. Elle vit de cette miette, (qui est l’étoile à laquelle sa forêt de piliers conduit, mais réciproquement), c’est cette miette qui a suscité l’expansion de son espace, l’envol de ses voûtes et la flamme de ses vitraux. La vie infinie, contenue dans la présence eucharistique – où le silence de Dieu compense heureusement tous nos bavardages – a fait naître à travers la foi qu’elle nourrit, l’immense vaisseau de pierre qui appareille vers l’éternité qu’elle nous communique en donnant à notre aventure terrestres sa suprême dimension ».

Le drame qui s’est joué lundi soir nous ramène à l’essentiel : Le trésor de nos cathédrales, de nos églises, le trésor de l’Eglise universelle, c’est l’Eucharistie.
Sans eucharistie, il n’y a pas d’Eglise.
« Parce qu’il n’y a qu’un pain, à plusieurs nous ne sommes qu’un corps, car tous nous participons à ce pain unique » dit Saint Paul.
« La très sainte Eucharistie contient en effet l’ensemble des biens spirituels de l’Église, à savoir le Christ lui-même, notre Pâque, le pain vivant, qui par sa chair, vivifiée par l’Esprit Saint et vivifiante, procure la vie aux hommes » selon le concile Vatican II.
L’Eucharistie est le « trésor le plus précieux », non seulement « de l’Eglise », mais « de l’humanité » dit encore Benoît XVI.

Beaucoup de parisiens passaient devant Notre-Dame sans y penser, sans plus la regarder, sans l’admirer, sans y entrer, pris qu’ils étaient par leurs préoccupations quotidiennes ou trop habitués.
C’est vrai de toute nos églises qui font tellement partie de notre environnement que nous finissons par ne plus les voir.
Chers frères et soeurs, en ce Jeudi saint où nous commémorons l’Eucharistie, reconnaissons qu’il nous arrive aussi d’être tout proche du trésor de l’Eucharistie et nous n’y pensons pas, nous ne l’adorons pas, nous n’entrons pas dans le mystère.
La sainte Vierge Marie a confié une demande à Bernadette: “Allez dire au prêtre que l’on bâtisse une chapelle et que l’on y vienne en procession”.
Pourquoi cette demande?
Parce que dans une chapelle, il y a un trésor plus grand que Marie. C’est le Saint-Sacrement.
A Lourdes, il ne suffit pas de rentrer dans la Grotte, il faut encore entrer dans l’église pour y rencontrer l’hôte divin qui l’habite. La grâce de Lourdes, c’est aussi une grâce eucharistique.

Demandons à Notre-Dame la grâce d’entrer dans nos églises pour y rencontrer le Seigneur et d’en sortir pour le donner autour de nous.
Entrer dans une église, ça peut changer une vie! A la façon de Paul Claudel entré par curiosité dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le jour de Noël 1886:
J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domine toute ma vie. En un instant mon cœur fut touché et JE CRUS. Je crus, d’une telle force d’adhésion, d’un tel soulèvement de tout mon être, d’une conviction si puissante, d’une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute, que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d’une vie agitée, n’ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J’avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l’innocence, de l’éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable.

Chers frères et soeurs, entrez dans vos églises, demeurez-y, aimez-les, embellissez-les car elles contiennent un trésor que le ciel et la terre ne peuvent contenir.
Faites silence, regardez le tabernacle, adorez le Seigneur. Il vous attend, il vous aime, il vous donne sa force.