Le 11 février 2014, jour de la fête de Notre-Dame de Lourdes, l’évêque de Tarbes et Lourdes a rendu public ses orientations pour le Sanctuaire dans un livret titré : Au service de la joie des convives.

Mgr Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes, explique le sens de la démarche initiée : « Ces orientations sont le fruit d’un travail de deux années. Je voudrais, dans ces pages donner quelques orientations pour les années à venir afin qu’ensemble, chapelains et employés du Sanctuaire, hospitaliers et directeurs de pèlerinages, bénévoles et partenaires du Sanctuaire, nous puissions travailler à mieux remplir la mission qui nous est confiée. Mon objectif est de donner une direction générale pour nous aider dans le discernement de nos projets futurs et dans les décisions que nous aurons à prendre ».

Orientations de Mgr Brouwet, Évèque de Tarbes et Lourdes

Je voudrais, dans ces pages, donner quelques orientations pour les années à venir afin qu’ensemble, chapelains et employés du Sanctuaire, hospitaliers et directeurs de pèlerinages, bénévoles et partenaires du Sanctuaire, nous puissions travailler à mieux remplir la mission qui nous est confiée. Mon objectif est de donner une direction générale pour nous aider dans le discernement de nos projets futurs et dans les décisions que nous aurons à prendre. N’hésitons pas à reprendre ces questions non seulement dans les réunions de travail au Sanctuaire mais également dans les congrès de pèlerinages et les rencontres des Hospitalités !

« Le troisième jour, il y eut un mariage à Cana de Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au mariage avec ses disciples. Or, on manqua de vin. La mère de Jésus lui dit : « Ils n’ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n’est pas encore venue. » Sa mère dit à ceux qui servaient : « Tout ce qu’il vous dira, faites-le. » Or, il y avait là six jarres de pierre pour les purifications rituelles des Juifs ; chacune contenait deux à trois mesures, (c’est-à-dire environ cent litres). Jésus dit à ceux qui servaient : « Remplissez d’eau les jarres. » Et ils les remplirent jusqu’au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Et celui-ci goûta l’eau changée en vin. Il ne savait pas d’où venait ce vin, mais ceux qui servaient le savaient bien, eux qui avaient puisé l’eau. Alors le maître du repas appelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C’était à Cana de Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui. » [Evangile selon saint Jean 2, 1-11]

« Allez dire aux prêtres qu’on vienne ici en procession et qu’on y bâtisse une chapelle. » Au Sanctuaire de Lourdes nous sommes au service de la demande faite par la Vierge Marie à Bernadette le mardi 2 mars 1858, lors de la treizième apparition.
Quelle est donc notre mission ?

Accueillir les pèlerinages en donnant accès à la Grotte et à la source, en accompagnant les pèlerins sur les pas de Bernadette à l’école de Notre-Dame.
Bâtir l’Eglise en prêchant l’Evangile et en célébrant les sacrements de l’eucharistie et de la réconciliation.
Dans cette pauvre Grotte de Massabielle, c’est un coin du ciel qui a touché la terre pour que tous les pèlerins fassent l’expérience de la proximité, de la tendresse et de la joie de Dieu dont Marie est le visage et la servante.

Notre mission est de veiller à ce que tous ceux qui viennent au Sanctuaire se laissent toucher devant la Grotte par l’amour inconditionnel de Jésus. Notre prédication, nos projets, nos initiatives, nos travaux doivent aboutir à cela. Voilà la grandeur de notre responsabilité : nous mettre, comme à Cana, au service de la joie des convives sous la conduite de Marie, pour laisser le Seigneur accomplir son œuvre dans les cœurs, une œuvre de miséricorde.

Notre Sanctuaire doit être le lieu où les hommes et les femmes qui s’approchent de la Grotte comprennent combien ils sont aimés de Dieu.

Il nous faudra toujours revenir à cette mission, l’approfondir, la développer, l’adapter aux circonstances actuelles.

Les évêques successifs, avec les recteurs, les chapelains et tous leurs collaborateurs, ont su, depuis les apparitions, se mettre au service des pèlerins et comprendre leurs attentes, leurs soifs, leurs aspirations. Ils ont su expliquer les messages de Notre-Dame et en saisir la portée et l’urgence pour leur époque. Nous héritons d’une longue expérience de célébration de la grâce de Dieu et de prédication de l’Evangile. Le jubilé de 2008, pour les 150 ans des apparitions de Marie à Bernadette, a montré l’attachement des catholiques au Sanctuaire et sa renommée dans le monde. Il en a montré également la vitalité.

Nous avons acquis notre expérience en collaborant notamment avec des organismes de pèlerinages, qu’ils soient diocésains ou associatifs. Chaque année plus de 600 de ces groupes viennent à Lourdes. Ils représentent la « colonne vertébrale » de notre saison de pèlerinage et en donnent le rythme. C’est grâce à eux que des centaines de milliers de chrétiens viennent à la Grotte de Massabielle chaque année, souvent accompagnés par leurs évêques.

Ces orientations sont le fruit d’un travail de deux années avec le Conseil de Lourdes, Conseil composé de chapelains et de cadres du Sanctuaire que je réunis tous les mois.

1. L’annonce de l’Evangile

Pendant les années qui viennent je voudrais que nous fassions porter nos efforts d’accueil sur les pèlerins individuels, les personnes malades ou handicapées, les familles et les jeunes.

Les pèlerins individuels

Notre mission est de veiller à ce que tous ceux qui viennent au Sanctuaire se laissent toucher devant la Grotte par l’amour inconditionnel de Jésus. Notre prédication, nos projets, nos initiatives, nos travaux doivent aboutir à cela. Voilà la grandeur de notre responsabilité : nous mettre, comme à Cana, au service de la joie des convives sous la conduite de Marie, pour laisser le Seigneur accomplir son œuvre dans les cœurs, une œuvre de miséricorde.

Nous le savons bien, les pèlerins les plus nombreux sont ceux qui viennent, non dans un pèlerinage porté par un diocèse ou une association, mais en s’organisant eux-mêmes. Ce sont des individus, des familles, des groupes d’amis. Ils viennent à Lourdes pour un ou plusieurs jours. Leur pèlerinage s’inscrit parfois dans un voyage plus vaste : des vacances dans les Pyrénées, en France ou en Europe. Beaucoup connaissent déjà le Sanctuaire. Mais nombreux sont ceux qui y viennent pour la première fois et qui ne connaissent pas le message de Lourdes. Parmi eux certains sont baptisés mais ne savent que peu de choses de la foi chrétienne. Certains ne sont pas chrétiens, appartiennent à une autre religion ou sont incroyants.

Nous avons une responsabilité particulière vis-à-vis de ces pèlerins-là. Nous devons continuer à accueillir ceux qui viennent en pèlerinage organisé. Mais nous devons réfléchir de manière nouvelle à l’accueil de ceux qui viennent individuellement ; en particulier ceux qui arrivent à Lourdes sans savoir ni ce qu’ils vont y trouver, ni comment ils vont vivre ces quelques heures ou ces quelques jours à la Grotte de Massabielle.

Partons d’un postulat : tous ceux qui franchissent les grilles du Sanctuaire ont une attente. Une attente spirituelle parce qu’ils savent que, dans ce lieu d’apparitions, le ciel a en quelque sorte touché la terre. Mais c’est aussi une attente très concrète vis-à-vis de nous parce qu’ils ont besoin d’être accompagnés dans leur démarche.

Je voudrais que, dans les mois à venir, nous réfléchissions à cela : comment accueillir, accompagner et proposer la nouveauté de l’Evangile à ceux qui viennent en pèlerinage sans savoir ce qu’est Lourdes, sans avoir de repères dans la foi chrétienne, sans même parfois savoir faire le signe de la croix ou prier le Notre Père. Comment allons-nous à leur rencontre en les accueillant tels qu’ils sont, en respectant leur rythme sans craindre de leur annoncer le Christ ?

C’est un vrai travail d’évangélisation qui demande de la disponibilité, de l’écoute, de la patience et un sens pastoral. Il faudra évidemment guider ces pèlerins vers des propositions déjà existantes comme le service « pèlerins d’un jour » ou le film de présentation du message de Lourdes. Mais il faudra aussi savoir prendre du temps avec seulement quelques personnes sans chercher à tout prix l’efficacité ou le rendement.

« J’imagine un choix missionnaire capable de transformer toute chose, écrit le pape François dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, afin que les habitudes, les styles, les horaires, le langage et toute structure ecclésiale devienne un canal adéquat pour l’évangélisation du monde actuel, plus que pour l’auto-préservation. La réforme des structures, qui exige la conversion pastorale, ne peut se comprendre qu’en ce sens : faire en sorte qu’elles deviennent toutes plus missionnaires, que la pastorale ordinaire en toutes ses instances soit plus expansive et ouverte, qu’elle mette les agents pastoraux en constante attitude de “sortie” et favorise ainsi la réponse positive de tous ceux auxquels Jésus offre son amitié. » Evangelii Gaudium, 27.

Cet accueil, cette évangélisation est certainement d’abord le travail des chapelains, des religieux et des religieuses. Mais ce peut être aussi celui de volontaires, de jeunes, qui ont le désir d’annoncer le Christ, en proposant une véritable initiation chrétienne.

Je veux, à ce sujet, que nous proposions des catéchèses fondamentales au Sanctuaire afin d’instruire dans la foi ceux qui demandent à avancer dans la vie chrétienne. Le Sanctuaire de Lourdes est un lieu propice pour encourager et fortifier notre relation avec le Christ.

Il est indispensable, également, que des chapelains continuent, dans le dynamisme de l’Année de la foi, à assurer une présence et des catéchèses à la Grotte, aux piscines et aux fontaines avec le désir de faire connaître aux pèlerins combien ils sont aimés de Dieu. Au cours des apparitions, la Vierge Marie a présenté à Bernadette le visage de la tendresse de Dieu pour l’humanité. Cette tendresse, cette sollicitude sont tout particulièrement visibles dans le sacrement de la confession et de la réconciliation qui est le sommet du pèlerinage à Lourdes.

Dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, le pape François donne la clé de toute notre prédication : « Nous avons redécouvert que, dans la catéchèse aussi, la première annonce ou “kérygme” a un rôle fondamental, qui doit être au centre de l’activité évangélisatrice et de tout objectif de renouveau ecclésial. Le kérygme est trinitaire. C’est le feu de l’Esprit qui se donne sous forme de langues et nous fait croire en Jésus-Christ, qui, par sa mort et sa résurrection, nous révèle et nous communique l’infinie miséricorde du Père. Dans la bouche du catéchiste revient toujours la première annonce : “Jésus-Christ t’aime, il a donné sa vie pour te sauver, et maintenant il est vivant à tes côtés, chaque jour, pour t’éclairer, pour te fortifier, pour te libérer”. » Evangelii Gaudium, 164.

Notre objectif est que chaque pèlerin reparte de Lourdes avec ce message d’espérance dans le cœur.

Les personnes malades ou handicapées

A Lourdes, les personnes malades ou handicapées ont la première place. Je pense que nous pouvons être fiers de la manière dont elles sont accueillies, en particulier à l’Accueil Notre-Dame, chez les Sœurs de Saint-Frai et au Salus Infirmorum de l’UNITALSI.

Pourquoi des personnes malades ou handicapées viennent-elles à Lourdes ? Pour y faire un pèlerinage dans la foi. Notre mission consiste à rendre ce pèlerinage possible et fructueux. Il est indispensable que chacune d’entre elles soit associée, dans la mesure du possible, à la préparation du pèlerinage et que nous sachions nous mettre, avant, pendant et après le voyage, à leur écoute : à l’écoute de leurs projets, de leurs désirs et de leurs attentes.

N’oublions pas que, souvent, ce sont ces personnes malades ou handicapées qui évangélisent les personnes « bien portantes » par leur attachement au Christ, par leur prière, par leur joie et leur confiance dans le Seigneur. Elles fortifient notre espérance. Bien des témoignages ont été donnés dans ce sens, venant d’ailleurs très souvent des pèlerins les plus jeunes.

A ce sujet, certains pèlerinages cherchent à promouvoir une plus grande autonomie des personnes malades ou handicapées. Il est vrai que Lourdes a une longue expérience de l’accompagnement de ces pèlerins, en particulier grâce aux brancardiers et à tous ceux qui assistent les résidents des différents Accueils. Mais des initiatives nouvelles apparaissent pour laisser aux personnes malades la plus grande autonomie possible. Certains groupes leur proposent, par exemple, de loger à l’hôtel avec les pèlerins valides. Je crois qu’il nous faut réfléchir, avec tous ceux qui sont engagés dans ces services, à ces initiatives et à notre manière d’être présents aux pèlerins malades.

Enfin, nous savons que le nombre des personnes malades est en légère diminution. Notamment celles qui sont les plus gravement atteintes. Cela est dû en partie à la difficulté croissante de les conduire au Sanctuaire par voie ferrée. Mais il y a une autre raison plus profonde : nous hésitons à inviter à Lourdes les personnes dont l’état de santé est fragile. Dans les hôpitaux, les cliniques, les maisons de retraite, la direction craint par principe de laisser les résidents voyager. Voilà pourquoi ce sont les familles, les visiteurs, les équipes d’aumônerie qui, dans un acte de confiance en Dieu, doivent les encourager à se rendre à Lourdes. Non pas d’abord pour y attendre un miracle mais pour fortifier leur vie de foi, leur espérance, leur enracinement personnel dans la vie de la grâce.

Nous ferons, en collaboration avec les Hospitalités et les directeurs de pèlerinages, des propositions aux diocèses et aux aumôneries pour favoriser la venue à Lourdes des personnes les plus fragiles.

Les familles

Les familles ont tout particulièrement besoin d’être soutenues et aidées. Beaucoup d’entre elles cherchent des lieux de ressourcement dans la foi où chacun, parents et enfants, pourrait être encouragé dans sa vie chrétienne. La personnalité de Bernadette, son humble parcours spirituel sous la conduite de Marie, la vie de foi et de prière de la famille Soubirous au Moulin de Boly et au cachot, le climat de tendresse qui régnait en son sein, sont autant de sujets de méditation pour les familles.

Avec toutes les structures du Sanctuaire, la Cité Saint-Pierre, les communautés religieuses de Lourdes, les pensions et les hôtels, nous verrons comment accueillir les familles, en particulier celles qui manquent de moyens financiers pour entreprendre un tel voyage. Il nous faudra aussi travailler à l’accueil et à la garde des enfants en bas âge pour donner aux parents la possibilité de prendre du temps pour eux.

Signalons que bien des grands-parents emmènent leurs petits-enfants à Lourdes pour leur faire découvrir, pendant les vacances, ce lieu de grâce et de ressourcement. Nous voulons, eux aussi, les encourager et les aider à organiser ces séjours.

Les jeunes

Le Sanctuaire est pour les jeunes une véritable école de vie. Par la liturgie, par le service des personnes malades ou handicapées, par l’expérience qu’ils peuvent faire de l’Eglise universelle, Lourdes est un lieu privilégié pour découvrir, mettre en œuvre ou développer les fondements de la vie chrétienne : la louange de Dieu, la vie sacramentelle, le service des autres – et en particulier des plus faibles – l’ouverture à la catholicité, la rencontre de communautés chrétiennes dans leur diversité, la proximité de tous les états de vie, la rencontre fraternelle des pasteurs de l’Eglise – prêtres et évêques.

Avec le service Jeunes du Sanctuaire nous verrons comment développer de nouvelles propositions. Notamment pour que des jeunes soient, auprès d’autres jeunes, des témoins ardents de la foi dans le Christ.

Comprendre les attentes des pèlerins

Au sujet de l’accueil, il me semble nécessaire de développer un outil d’enquête auprès des pèlerins afin de savoir comment ils jugent la qualité de notre accueil. Il est très difficile de prendre des décisions si nous n’avons aucun moyen objectif de connaître ceux qui arrivent au Sanctuaire et de savoir si nous répondons à leurs attentes. Sans ces moyens d’enquête nous raisonnons sur des impressions, des sentiments qui ne correspondent pas toujours à la réalité.  Certes les directeurs des pèlerinages sont des collaborateurs précieux. Mais nous avons aussi à recueillir l’avis de ceux qui ne viennent pas dans des groupes constitués.

Il nous faudra aussi développer notre espace de dialogue sur internet pour rester en lien avec les pèlerins et pour nous tenir au plus près de leurs questions et de leurs suggestions. Y compris sur le plan spirituel.

2. L’internationalisation 

Les pèlerins qui viennent de continents différents sont de plus en plus nombreux. Ils arrivent en petits groupes, en famille ; parfois avec des personnes malades, souvent avec des jeunes. Ils sont originaires d’Inde, du Sri Lanka, d’Australie, des USA, du Brésil, du Moyen-Orient, de Chine, de Corée, du Japon, d’Afrique…

Beaucoup d’entre eux entrent en contact avec des communautés religieuses amies qui résident à Lourdes (je pense aux sœurs coréennes, libanaises ou chinoises) et sont ainsi introduits au Sanctuaire. Nous devons poursuivre cet effort pour rendre le Sanctuaire accessible à tous et accueillant pour les pèlerins de tous les continents.

C’est par notre site internet que nous ferons mieux connaître le message de Lourdes et les possibilités offertes pour y venir en pèlerinage. J’aimerais que nous développions ce site avec des versions en langue arabe, chinoise et portugaise.

Avec notre télévision en ligne notre site peut être également une aide, un soutien, pour tous ceux qui ne peuvent se rendre à Lourdes et qui veulent pourtant être en communion avec ceux qui prient à la Grotte.

Il nous faut retravailler la signalétique dans le Sanctuaire. Pour la simplifier et indiquer de manière très claire les lieux les plus importants du pèlerinage. Mais en pensant également à ces langues nouvelles de sorte que tous les pèlerins se sentent accueillis. Il faudra aussi que des dépliants contenant un résumé du message de Lourdes soit accessible dans ces mêmes langues.

Nous devons aussi poursuivre l’effort qui a été réalisé pour intégrer la diversité des langues dans la liturgie et dans les processions. A côté du français, de l’italien, de l’anglais et de l’espagnol, il faudra toujours être attentif aux groupes majoritairement présents pour prévoir une lecture, des intentions de prière ou une partie du chapelet dans leur langue.

En revanche il faut veiller à ne pas alourdir les célébrations par la répétition des lectures de la messe. La traduction des textes sur les écrans peut suffire.

D’une manière générale les différentes langues doivent être accueillies dans la mesure de nos moyens. Mais l’usage de ces langues ne doit jamais prendre le pas sur le bon déroulement de la liturgie, sur sa beauté, sa simplicité ou sa conformité aux rituels.

Soyons attentifs, par ailleurs, à ce que les langues n’entrent jamais en concurrence les unes avec les autres. Je demande à tous d’être compréhensifs à ce sujet et de ne pas laisser se développer un esprit de mécontentement et de division. C’est l’Esprit de Pentecôte qui doit nous animer et non la dispersion de Babel (Gn 11, 1-9).

3. L’aménagement de l’espace Grotte

L’espace de la Grotte – de l’esplanade du Rosaire au pont des piscines – est le cœur  de notre sanctuaire. Si l’accueil de tant de pèlerins est possible, c’est précisément  parce que les lieux se prêtent à recevoir la grâce de Lourdes. Le lieu des apparitions est facile d’accès, il est resté à ciel ouvert (l’expression trouve là toute sa force !). Le pèlerin est accueilli sur l’esplanade comme par les bras d’une mère. Il n’a pas de porte à franchir, pas d’escalier à monter. Il est là, tout de suite, à la place où Bernadette se tenait devant Marie. Et avec tous ceux qui sont présents, quelle que soit leur condition, il présente sa prière comme un pauvre devant Dieu.

Nous devons prendre soin de ce lieu de grâce. Et dans les trois ans qui viennent nous voudrions le réaménager pour : rendre plus cohérent le parcours des pèlerins, favoriser le silence et le recueillement à la Grotte, trouver des solutions aux flux des groupes pendant la saison, donner plus d’harmonie à l’ensemble du site. En travaillant avec un cabinet d’architecte il nous a semblé judicieux de repenser l’ensemble de cet espace même si les travaux devront s’étaler sur plusieurs années pour des raisons financières.

La zone qui sépare l’esplanade du Rosaire et la Grotte sera conçue comme un espace de préparation au recueillement. On enlèvera non seulement les distributeurs de  médailles et les kiosques des cierges mais également les fontaines pour éviter les  distractions et le bruit. Cette zone sera plantée d’arbres et invitera au silence.
Le parvis de la Grotte restera en pleine lumière. L’aménagement du sol marquera ce  lieu de prière et de méditation. Le mobilier sera refait ainsi que l’éclairage de la Grotte.

La zone actuellement réservée aux cierges sera consacrée au geste de boire et de se laver, geste que Marie a demandé à Bernadette et qui fait partie de la tradition du pèlerinage à Lourdes. Les pèlerins accéderont donc aux fontaines après leur visite à la Grotte, ce qui est plus cohérent. Ces nouvelles fontaines ne seront pas conçues pour remplir des récipients d’eau de Lourdes. En effet il faut réserver ce lieu au geste demandé à Bernadette. Remplir des bouteilles ou des bidons n’est pas un acte de prière. Il provoque beaucoup de bruit et de mouvements. Il peut être fait ailleurs. Il nous reste à trouver le lieu favorable.

Le lieu actuel de stockage des cierges sera remplacé par une sacristie secondaire pour la Grotte. En effet la sacristie actuelle est trop petite pour un grand nombre de concélébrants. Le nouveau bâtiment, égal en surface à l’ancien, contiendra aussi un lieu de repos pour les hospitaliers. La sacristie actuelle sera réaménagée avec un oratoire pour le Saint-Sacrement.

Les piscines resteront à leur place et ne seront donc pas déplacées de l’autre côté du Gave. Nous reverrons leur aménagement intérieur. Nous travaillons aussi à la restructuration du « plateau » des piscines, ce lieu d’attente des pèlerins qui désirent se baigner.

Nous allons construire une nouvelle passerelle en face des piscines. Après cette passerelle, sur l’autre rive du Gave en remontant vers l’église Sainte-Bernadette, nous disposerons les présentoirs pour les cierges. Ils formeront comme une chapelle de lumière et permettront aux pèlerins d’y poser leurs cierges individuels (les cierges les plus gros resteront à leur emplacement actuel).La nouvelle passerelle permettra donc aux pèlerins d’accéder à cette chapelle de lumière et de repartir vers l’esplanade ou les sorties, sans passer directement devant la Grotte. Cette passerelle permettra aussi à tous les pèlerins résidant à l’Accueil Notre-Dame de se rendre aux piscines sans avoir à passer devant la Grotte.Une autre passerelle sera construite plus tard en face de l’entrée de l’Accueil Notre-Dame, à la hauteur de la statue de saint Jean-Marie Vianney. De sorte que les résidents de l’Accueil n’aient pas à passer sous les arcades pour se rendre dans leur hébergement. Tout cela doit bien entendu être travaillé en collaboration avec les services de l’Etat garant des mesures de protection contre les crues. A ce sujet, des études sont en cours pour examiner les dispositions à prendre afin de protéger les lieux les plus sensibles en cas de nouvelles inondations.

4. La « place de l’Eglise »

A plus long terme, il me semble indispensable de repenser la zone des pavillons, de la chapelle Notre-Dame et du bâtiment abritant le musée de Bernadette et la communication. Cet espace se trouve en zone inondable. Il nous faudra évidemment là aussi collaborer avec la municipalité de Lourdes et les services de la Préfecture. Avec les responsables de l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes et ceux des pavillons nous travaillerons à réaménager cette zone pour en faire un lieu de rencontre, de fête, de pique-nique, bref un lieu de vie pour tous les pèlerins. Le Sanctuaire lui-même est plutôt réservé à la prière et à la liturgie. Il nous manque un lieu de convivialité qui pourrait à la fois être constitué de salles mises à la disposition des services et des mouvements d’Eglise pendant la saison et d’installations pour des rencontres informelles, des moments de fêtes et des repas en famille ou en groupe.

5. Les services  du Sanctuaire

L’organisation générale

Au cours de l’année 2013 deux projets ont été menés à terme.

Nous avons créé des pôles regroupant les services par métier. Il devenait en effet urgent de trouver une organisation cohérente pour faciliter le travail et la collaboration des vingt-deux services du Sanctuaire. La création de ses pôles permet, grâce au Conseil du Sanctuaire qui réunit les responsables de pôles autour du recteur et de l’économe, une plus grande autonomie des services, une meilleure coordination entre eux et une simplification de la communication. Les services de la communication ont été regroupés et un audit a été réalisé afin de préciser les objectifs et l’organisation de ce département. Dans les années qui viennent nous travaillerons à davantage de collaboration entre les pôles et les services d’une part, entre les chapelains et les responsables de pôles d’autre part.

Par ailleurs nous commençons à travailler à une coopération encore plus fructueuse entre les salariés et les bénévoles. Nous en avons une longue expérience à Lourdes : depuis le début des pèlerinages, chapelains, salariés, religieuses, religieux et bénévoles collaborent pour recevoir les pèlerins. Avec l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes et le service des pilotes nous devons clarifier les responsabilités de chacun et nos méthodes de travail. Tout cela pour améliorer la qualité de notre accueil ; mais également pour fortifier l’esprit de service et de communion entre tous ceux qui travaillent au sanctuaire.

Le pôle développement

Nous allons créer au Sanctuaire un pôle chargé du développement, fonction qui n’existait pas jusqu’à maintenant. La mission de ce nouveau service sera à la fois de faire connaître le Sanctuaire à l’extérieur, de travailler plus étroitement avec les acteurs économiques du département, et de chercher de nouveaux revenus pour le Sanctuaire.

Faire connaître le Sanctuaire, c’est établir des contacts avec les agences de voyage pour rendre possible un passage à Lourdes aux chrétiens des autres continents. Travailler plus étroitement avec les acteurs économiques du département, c’est développer la collaboration nécessaire avec les communes des environs de Lourdes, les offices du tourisme, les hôteliers, l’aéroport et les sites touristiques pour coordonner nos efforts au service des pèlerins.

Trouver de nouvelles sources de revenus, c’est non seulement rechercher des fonds auprès de bienfaiteurs français et étrangers ; mais c’est aussi développer, à partir de la librairie actuelle, une petite activité commerciale pour assurer l’équilibre financier de notre Sanctuaire. Nous embaucherons donc cette année un responsable pour ce pôle développement.

L’équilibre budgétaire

Même si la situation économique est fragile et que le nombre de pèlerins diminue, il nous faut absolument parvenir à l’équilibre budgétaire en 2015. Nous cherchons donc de nouvelles ressources. Nous attendons également des pèlerinages organisés qu’ils prennent leurs responsabilités en versant la participation qui leur est demandée.

Nous serons également vigilants sur nos dépenses en essayant de rationaliser nos achats et les services proposés aux pèlerinages. Comme nous l’avons déjà fait en 2013, certaines personnes partant à la retraite ne seront pas remplacées. Nous devrons peut-être aussi, dans les années qui viennent, diminuer légèrement le nombre de postes de saisonniers. Cela se fera toujours en restant extrêmement attentifs aux personnes et à leur situation particulière.

6. Conclusion

J’aimerais remercier tous les employés et les bénévoles du Sanctuaire. Après presque deux années passées avec vous, je salue à la fois votre professionnalisme et votre disponibilité pour accueillir le mieux possible tous les pèlerins. La crise économique et les inondations, d’une part, la crise de la foi chrétienne d’autre part, ont contribué à la diminution du nombre des pèlerins. Cela ne nous empêche pas de faire des projets et d’être inventifs. Notre Sanctuaire a un avenir s’il est fidèle à la mission qui lui est confiée et s’il sait comprendre la soif de ceux qui viennent boire à la source. C’est précisément en période de crise, de doute, d’épreuves que nous devons accueillir ceux qui viendront chercher au Sanctuaire de Lourdes une lumière et une espérance.

Je voudrais également remercier tous ceux qui sont nos partenaires : l’Hospitalité Notre-Dame de Lourdes et toutes les Hospitalités, les associations et les directeurs de pèlerinages, les congrégations religieuses, les donateurs si généreux, la ville de Lourdes, le département des Hautes-Pyrénées et la Région Midi-Pyrénées. C’est grâce à votre collaboration, à vos efforts, à votre confiance et à votre amour pour Lourdes que nous pouvons accueillir autant de pèlerins chaque année. Nous avons beaucoup de joie à coopérer avec vous et nous vous confirmons notre disponibilité.

Je remercie enfin le Père recteur et tous les chapelains de la Grotte. Merci pour votre ministère de prédication et de réconciliation ! Merci pour l’espérance que vous donnez aux pèlerins par la célébration des sacrements, par vos paroles, par votre présence, par votre prière !

Je demande pour vous tous la bénédiction du Seigneur par l’intercession de Notre-Dame de Lourdes et de sainte Bernadette.

Je veux, en conclusion, laisser à votre réflexion les mots du pape François dans l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium : « Il y a un style marial dans l’activité évangélisatrice de l’Église. Car, chaque fois que nous regardons Marie nous voulons croire en la force révolutionnaire de la tendresse et de l’affection. (…) Cette dynamique de justice et de tendresse, de contemplation et de marche vers les autres, est ce qui fait d’elle un modèle ecclésial pour l’évangélisation. Nous la supplions afin que, par sa prière maternelle, elle nous aide pour que l’Église devienne une maison pour beaucoup, une mère pour tous les peuples, et rende possible la naissance d’un monde nouveau. »

 

Lourdes, le 11 février 2014, Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes