“Heureux vous les pauvres…”

  • Dans la vie, il y a toujours des soucis. Je crois qu’une vie sans soucis, ça n’existe pas. On a tous des soucis. On a eu des soucis avec nos enfants, avec nos petits-enfants, avec nos maris… quand on n’a pas d’argent, qu’on a rien à manger. Et ça, ça sera tout le temps, même dans 20 ans… Mais quand on est avec Dieu, les soucis, on les confie à Dieu et il nous allège.

  • Par rapport à ma vie, je suis pauvre peut-être d’argent, de biens financiers mais je suis quand même riche d’amour. Entre autres, c’est l’amour de ma famille, l’amour de Dieu et l’amour des personnes qui m’entourent. Donc je ne me considère pas vraiment comme un pauvre. Je n’ai pas besoin de plus, je me contente de ce que j’ai.

  • Même si on n’a pas grand-chose, on a quand même un toit au-dessus de notre tête, parce qu’il y en a qui vivent sous les ponts, qui n’ont pas de maison, qui n’ont rien. Moi de toute façon, je vais me contenter d’un petit appartement. Je m’aperçois que plus je vais vieillir, la retraite, elle n’est pas énorme. Il faudra que je paie mon loyer avec ça. Ce n’est pas essentiel d’avoir un grand appartement, je peux me contenter d’un petit.

  • Je crois qu’on a tous quelque chose à donner, même si on est pauvre. C’est bien d’identifier les manques ; en même temps, j’ai toujours à l’esprit que notre société voudrait nous orienter vers le toujours plus, toujours plus de ceci, toujours plus de cela… Peut-être qu’il s’agirait, non pas de revenir en arrière, mais de faire le point ou de se poser des questions sur ce qui est essentiel à la vie et qui rend heureux. On a tous une richesse. Pour moi, je pense que j’ai quelque chose à porter aux autres : l’écoute. Il y a des choses parfois qu’on me confie et qui sont assez difficiles et on sait que je ne vais pas les répéter comme ça à droite ou à gauche… Donc je pense que je peux apporter quelque chose aux autres.

  • La pauvreté pour moi, c’est une expérience qui fortifie parce qu’on va à l’essentiel. Celui qui est riche, qui n’a pas connu la pauvreté, il ne comprend pas ! A un moment donné, j’avais assez d’argent ; je vivais bien… Je me faisais plaisir avec tout ce que j’avais envie de me faire plaisir ! Je n’étais pas dans l’essentiel ! J’étais dans le superflu ! Quand je suis rentrée dans cette pauvreté, cela m’a permis de voir plus clair, de voir ce qui est important dans la vie.

  • Pour moi, le bonheur, c’est un objectif à accomplir pour être vraiment heureux. Mon but pour mon travail, c’est pouvoir être avec des voitures, pour moi, c’est un objectif. Le bonheur, ça doit être un objectif qui te permette d’avancer, pour être toujours en mouvement.

  • C’est peut-être une galère, le manque, mais cela nous fait apprécier mieux les choses, non seulement apprécier, mais voir plus clair dans les petites choses. Même les échecs, ce n’est pas toujours négatif ! Même les échecs, ça apporte quelque chose. Il faut regarder le positif. Ce que ça nous apporte.

  • Même si ce n’est pas pour soi-même, c’est pour le bonheur d’une autre personne. Quelqu’un qui veut être heureux, il peut aider d’autres personnes, par exemple dans une association… ou simplement, moi, je me sens heureux en aidant mes parents. Parce que quand mes parents sont heureux, moi je suis heureux. Quand on est pauvre, on s’entraide comme on peut et peut-être pas forcément comme on le voudrait. On fait comme on peut avec ce qu’on a.

  • Il y a une chose qui est importante pour le bonheur, c’est d’être dans l’espérance. Pour moi c’est primordial : si on n’est pas dans l’espérance, on ne peut pas être heureux. C’est-à-dire avoir un objectif positif sur la vie, avoir des projets.

  • En France, on n’est pas pauvre ; simplement, c’est la solitude, c’est le manque d’amour. La solitude, ça tue, ça fait mal. Des fois, je pense à me débarrasser de moi-même… C’est interdit dans la religion de se suicider. Donc déjà, cela met un frein, heureusement. J’avais des moments, des tendances où je me disais : ‘tu ne sers à rien sur cette terre, il vaut mieux que tu te foutes en l’air.’ Ce qui me retient ? Je me dis : oh, après tout, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. Les musulmans disent une chose, ils n’ont peut-être pas tort : ‘il faut laisser entre les mains de Dieu’ ce qui va arriver plus tard… Alors, je laisse entre les mains de Dieu.

  • Je suis heureux quand je conserve des moments de silence, parce que ça me permet de me recentrer. Il y a toujours le bruit, un peu le tumulte extérieur ; alors parfois on fait des actes compulsifs pour dire de trouver une “satisfaction“ immédiate. Mais moi ça ne me satisfait pas, j’ai tendance à le regretter après. J’apprécie les moments de silence lorsque je vais dans un parc et que je peux être seul ; là, je me sens bien.

  • Avant, je me considérais comme une pauvre, en n’en étant pas consciente ; mais quand je fais la relecture de ma vie, je me dis : j’étais plus pauvre avant que maintenant. Le Seigneur m’a tout donné ; pas tout mais il m’a donné plein de choses. La richesse la plus importante pour moi, c’est la richesse intérieure. Quand je me considérais pauvre, c’est que je n’avais pas cette richesse intérieure ! Et donc la richesse intérieure c’est primordial ! Même si on n’a pas l’argent, ce n’est pas important ; le Seigneur nous donne le minimum vital ! Enfin je parle pour moi, il me donne ce qui me faut pour vivre.

…car le Royaume de Dieu est à vous »

  • Dans cette phrase, j’aimerais remplacer “Royaume de Dieu“ par “Amour de Dieu“ ; pour moi, c’est plus parlant. J’étais heureux avant de retrouver l’amour de Dieu mais depuis que j’ai retrouvé la foi, je me sens encore plus heureux parce que je me sens plus en communion avec toutes les personnes qui croient en Dieu.

  • Le Royaume de Dieu, c’est une belle promesse ! C’est un Dieu de la promesse qui en même temps nous dit qu’il sera avec nous tous les jours jusqu’à la fin des temps ! Donc c’est ça aussi qui me rend heureux dès cette vie ! Avant, je n’avais pas d’espoir, je n’avais pas quelque chose ou quelqu’un qui me faisait espérer. Par contre, en revenant à mes racines chrétiennes, en me nourrissant de la Parole de Dieu, j’ai fait plusieurs pas supplémentaires et ce qui ne me paraissait pas trop supportable à l’époque, maintenant j’apprends à le relativiser ! Et maintenant, je suis plus heureux grâce au Christ et à la Vierge Marie. J’apprends un peu plus à connaître cette religion d’amour ; mais il faut du temps, il faut être patient ; il faut partager, pas rester seul dans son coin. Je me sens plus heureux ; même si matériellement ce n’est pas parfait, ça pour moi, c’est un peu secondaire.

  • Le Royaume de Dieu pour moi, c’est l’instant présent. C’est maintenant que Jésus dit à la personne : ‘soyez heureux d’exister, aimez-vous, pardonnez aux gens, ceux qui vous ont fait du mal par exemple et soyez heureux !’ Le Royaume de Dieu, c’est de faire du bien pour aimer ses enfants, être bon avec ses petits-enfants. Pour ceux qui n’ont pas d’enfants comme moi, on peut essayer d’être heureux quand même ! Je ne suis pas le seul. Il y a plein de gens qui n’ont pas d’enfants, pas de famille… Quand je vis, je vis à travers les autres parce qu’on vit tous dans la même planète, on est tous pareils. Et c’est ça donc qui nous rend heureux. Je connais un maghrébin qui est seul, il a perdu toute sa famille en Algérie. Lui il me dit : ‘le paradis, c’est ici qu’on doit le vivre’… Il faut vivre l’instant présent parce qu’il y a Jésus qui nous aime et qui dit qu’il nous aime. Et quand on pense qu’il nous aime, on vit l’instant présent. Le Royaume de Dieu se vit déjà un peu dans nos groupes

  • ‘Place et Parole des Pauvres’ a été un des maillons qui m’a fait rendre heureuse. Parce qu’avant, je ne parlais pas, j’étais renfermée. Quelque part, on en souffre ! Ça m’a permis de m’ouvrir.

  • Je pense que tous ces groupes-là permettent aux gens qui sont un peu isolés ou seuls pour telle ou telle raison, de s’ouvrir et de reprendre confiance. Et ça, c’est important parce que souvent dans la société quand tu es cataloguée paumée, on te laisse de côté… Le groupe peut permettre d’avancer. Mais il y a peut-être des choses à faire nous aussi et il faut voir comment.

« Je ne vous promets pas de vous rendre heureuse en ce monde mais dans l’autre »

  • La parole de Marie, pour moi ça veut dire : “prends les choses comme elles viennent et essaye de voir ce que tu peux en tirer de bon“.

  • Ça veut dire qu’elle ne nous oublie pas. Elle ne nous quittera pas ! Dans l’au-delà, elle sera près de nous, c’est un peu pour nous réconforter.

  • Qu’est-ce que ça veut dire : ‘ dans l’autre monde‘ ? Après la mort ? Parce que si c’est après la mort, moi je m’en fiche. La mort, une fois que c’est la mort, on est débarrassé !

  • L’autre monde, pour l’instant on ne le voit pas. On ne peut pas le connaître ! Mais sur la terre sur laquelle on vit, le Royaume de Dieu est déjà là.

  • Pour moi, l’autre monde serait plutôt le monde des personnes qui tournent autour de Dieu. Grâce à Dieu, on est tous en communion avec Lui et c’est comme ça qu’on se comprend. Pour moi, même si je suis pauvre, j’ai quand même une pierre pour l’Eglise à mettre pour qu’elle puisse grandir.

  • Moi, personnellement, j’ai eu l’impression de le vivre ça : ne pas être heureuse dans ce monde jusqu’au moment où j’ai témoigné. En fait dans mon enfance, j’ai été heureuse mais quand j’ai commencé à découvrir Dieu, la prière, à ce moment-là je ne savais pas discerner. Une personne m’a fait changer d’endroit, là où j’habitais, et à partir de ce moment-là, ma vie a basculé dans le mauvais sens : j’étais mal dans ma peau et je suis allée voir des guérisseurs. Des gens m’ont fait des trucs occultes dessus et j’ai eu des séquelles. Je n’étais pas bien dans ma tête. Quand j’ai témoigné de toute ma vie – c’était pour la journée mondiale du refus de la misère – après, il y a plein de choses qui se sont déclenchées : j’ai dû avoir une libération. Et maintenant j’ai l’impression d’être heureuse ! J’attache moins d’importance aux difficultés !

  • On arrive mieux à supporter les difficultés parce qu’on croit en Dieu, qu’on a la foi… Moi je me suis sentie heureuse juste après mon baptême parce que ça m’a permis de m’ouvrir, de parler, de rencontrer mon groupe parce que j’étais un peu isolée par mon ex-mari qui me tapait dessus… Je suis tout le temps heureuse maintenant. Même si je n’ai rien, je m’en fiche puisque j’ai quand même l’amour de certaines personnes, mes enfants, mes petits-enfants, la joie qu’ils m’apportent. Le bonheur, c’est ça pour moi, ce n’est pas d’avoir de l’argent. Si j’ai de quoi manger et j’ai toute ma famille et mes amis, ça me suffit.