« Une femme nommée Marie », le spectacle de Robert Hossein

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Robert Hossein : l’interview

Bien que très croyant, vous n’étiez jamais venu à Lourdes avant l’été 2009. Pourquoi ?
C’est difficile à dire. Il y a, c’est vrai, cette « barricade commerciale » qui, de loin, peut apparaître comme assez effrayante… Puis, si j’ai depuis longtemps pris l’habitude de m’adresser à Dieu dans mes prières, je me suis souvent senti trop plein de mes péchés pour oser me présenter devant la Vierge. Marie est selon moi quelqu’un de très impressionnant. Je crois aussi que c’est une question de cheminement. Aujourd’hui, j’ai désiré cette rencontre, elle est avec moi [ il sort de ses poches trois petites Vierge, en argent ou en porcelaine, qui s’entrechoquent doucement entre ses doigts] Mais, je vais être franc avec vous, cela reste très récent. Pour Lourdes, c’est en me rendant au festival de Gavarnie, où jouait un de mes fils, que j’ai découvert la ville. J’y ai ressenti comme une nouvelle révélation : j’étais en admiration. Je suis revenu peu après pour mieux la visiter mais toujours avec l’impression d’être moi-même visité. J’ai, comme chacun, bu l’eau de la source, touché le rocher et je me suis familiarisé avec le récit des Apparitions bien que connaissant les grandes lignes de la vie de Bernadette. Mais, ici, je m’en suis senti beaucoup plus proche. On est immédiatement séduit, puis ému au contact des faits. Malgré cela, il demeure un mystère extraordinaire. Mais je ne cherche pas l’étoile… Je n’ai aucun doute là-dessus !

Vous avez côtoyé la souffrance des malades mais aussi le formidable message d’espérance dont ils se nourrissent à Massabielle. Comment avez-vous réagi à cela ?
J’ai essayé de regarder tous ces gens, avec leurs terribles souffrances, de serrer leurs mains. C’était quelque chose de très douloureux mais qui, en même temps, transpirait une grande foi. Je souhaite de toute mon âme que chacun puisse se retrouver ainsi dans sa foi, si ce n’est dans la guérison physique à proprement dit. Cela n’a rien à voir avec ce qu’on est ou ce que l’on a fait. C’est simplement une évidence. Je crois que nous sommes aujourd’hui dans une urgence qui est celle de nous sauver et, au-delà, de sauver notre planète. Mais je veux rester optimiste. Lourdes n’est-elle pas un foyer d’espérance ?

Préserver notre Terre est un message universel. Qu’est-ce que la foi peut y apporter de plus ?
Si vous êtes honnête envers vous-même, croire vous oblige à agir et non pas à vous interroger continuellement sur les fondements de votre foi. Ne suffit-il pas d’ouvrir les yeux, voir ce qui existe autour de nous et qu’il nous faut préserver ? Ne gâchons pas ce que Dieu nous a donné. Remercions-le plutôt pour tout ce que nous avons reçu. Il est louable de vouloir servir les plus souffrants au nom de son amour. Mais n’oublions pas tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, se mettent également au service des autres. Je crois que c’est aussi un privilège de l’âge que de s’intéresser à autre chose qu’à soi-même et que d’être inspiré, à travers une certaine lucidité, par la vision que l’on a du monde d’aujourd’hui. Lorsque j’ai monté mes différents spectacles sur Jésus, ceux-ci ont attiré des centaines de milliers de personnes, à tel point que je figure dans le livre des Records ! Mais, c’est surtout parce que, comme l’avait écrit très justement le cardinal Lustiger, je m’adressais à tous, croyants et non-croyants. Ce message humaniste, qui a la capacité de toucher chacun de nous quelle que soit sa confession ou son absence de foi, je pense que nous en avons bien besoin aujourd’hui. Je le répète : il y a urgence de prendre en charge le désarroi et la misère qui n’ont jamais été aussi marqués que ces derniers temps. Je m’engage donc en tant que chrétien mais également comme artiste. Je vous parlais plus tôt de révélation, reste à savoir comment celle-ci peut s’exprimer, pourquoi pas à travers la scène ? J’ai maintenant vraiment envie d’apporter, en toute humilité, ma pierre à ce formidable édifice qu’est Lourdes. De faire un choix qui, vous allez rire, me permette de terminer une belle carrière. Je suis habité par la nostalgie d’hier, mes amis proches ne sont plus. Pourtant, il me semble que Lourdes défie le temps de par ce qui s’y est passé en 1858.